Fusillade après un mariage dans le Luberon: deux morts, dont la mariée, deux blessés graves, dont un enfant
Deux personnes ont été tuées dimanche au bout de la nuit dans une fête de mariage, dont la mariée, et deux grièvement blessées, dont un enfant de 13 ans, après que des hommes cagoulés ont tiré sur le couple, à Goult, petit village du Luberon, dans le Vaucluse.
Si aucune piste n'est pour l'instant privilégiée, l'hypothèse d'un règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants est envisagée, précisait dimanche matin une source proche du dossier, alors qu'un dispositif de gendarmerie très important a été mobilisé pour traquer les tireurs, partis à pied et toujours en fuite.
"Je pense que c'était ciblé", a confirmé le maire de la commune, Didier Perello, "en colère, révolté, sous le choc", lors d'un point presse improvisé sur place, en fin de matinée: "Nous sommes à proximité de communes malheureusement connues pour ce genre de faits", comme Cavaillon, a ajouté l'élu, à la tête de la commune depuis 2001.
Sous un soleil écrasant, le village de Goult, bourg d'un millier d'habitants proche de Gordes, était calme dimanche, presque assommé, quelques heures à peine après les faits, vers 04h30 du matin, au moment où le couple de mariés quittait la soirée, organisée dans la salle des fêtes de la commune.
Sur le départ, en voiture, les mariés se sont retrouvés pris pour cibles par les tirs de "plusieurs individus cagoulés" arrivés dans un véhicule et en possession de "plusieurs types d'armes", a précisé la procureure d'Avignon dimanche après-midi dans un communiqué.
Les personnes décédées sont la mariée, âgée de 27 ans, et l'un des agresseurs, touché "dans l'échange", a spécifié Florence Galtier, laissant entendre que des tirs de riposte ont été tirés depuis le véhicule ciblé par les agresseurs ou par des proches des mariés. De premières informations dimanche matin avaient laissé entendre que l'agresseur était mort écrasé par la voiture du couple alors que celui-ci tentait de prendre la fuite.
- "Comme des feux d'artifice" -
Les deux personnes grièvement blessées sont l'époux, âgé de 25 ans, et un mineur de 13 ans à bord de la voiture du couple alors que celui-ci quittait le mariage, a ajouté la magistrate, précisant que l'enquête, confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Marseille, a été ouverte pour meurtre et tentative de meurtre en bande organisée.
La troisième personne blessée par balles, plus légèrement, est une femme proche de la famille.
Dans son communiqué, la procureure d'Avignon n'émet aucune hypothèse concernant ce dossier et ne donne aucun élément sur le couple permettant de comprendre pourquoi il a été visé.
Selon le maire de la commune, la salle des fêtes avait été réservée depuis le mois de mars par le couple, elle originaire d'Apt et lui de Cavaillon, deux autres communes du Vaucluse.
Habitant de la commune, à quelque 200 mètres de la salle des fêtes, Daniel, chauffeur routier de 55 ans, a expliqué à l'AFP avoir été "réveillé par du bruit vers 04h30 du matin": "Puis, vers 06h00, j'ai entendu les bruits de deux hélicoptères survolant le village en rase-mottes. Ça va pas faire une bonne pub pour la commune", s'inquiétait-il déjà.
"J'ai entendu des bruits, j'ai pensé que c'était des feux d'artifice", a témoigné de son côté Tanguy, 29 ans, pizzaiolo de profession, toujours auprès de l'AFPTV.
Un très important dispositif a été mis en place pour retrouver les auteurs des tirs, avait précisé la gendarmerie dimanche matin. "Des recherches ont été faites pour vérifier si les personnes responsables pourraient encore être sur la commune", a précisé le maire de la commune.
Un triple dispositif a été mobilisé sur ce dossier: un dispositif de commandement fort de 12 personnes, entre Goult et Avignon ; un dispositif de recherche mobilisant 65 personnes, dont un hélicoptère, l'antenne locale du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) et deux équipes cynophiles de piste; et enfin un dispositif judiciaire, avec 30 enquêteurs, dont trois techniciens en identification criminelle et des personnels de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) de Pontoise en région parisienne.
Patron du restaurant Le Goultois, Guillaume Molinas, 50 ans, craint en tout cas que ce fait divers fasse "parler du village en négatif". "Le dernier gros fait divers dans le village, ça faisait 125 ans", souligne cet habitant, "mais il n'y a que les anciens qui s'en souviennent".
P.Skoulas--AN-GR