

Côte d'Ivoire: RSF appelle à protéger les journalistes avant la présidentielle
Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités et les partis politiques ivoiriens à "protéger les journalistes" à trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, dans un communiqué consulté mercredi par l'AFP.
L'ONG de défense des journalistes dénonce l'intimidation d'au moins deux journalistes ivoiriens depuis début mai et "exhorte les autorités comme les acteurs politiques à garantir la sécurité des journalistes, tant sur le terrain que sur les médias sociaux".
Selon RSF, M'ma Camara, une journaliste de France 24 a été victime d'une "campagne de dénigrement" au mois de juin, après avoir couvert un meeting du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), principal parti d'opposition.
La journaliste a été victime de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux, accusée d'avoir minimisé le nombre de participants au meeting du PDCI.
"Certaines personnes ont publié mon adresse et celle de ma famille", a-t-elle déploré, citée dans le communiqué publié mardi par RSF.
L'ONG recommande par ailleurs aux différents partis politiques de "faciliter l'accès des journalistes à leurs événements", ou encore à "sanctionner les militants et membres responsables de menaces ou actes hostiles envers la presse".
Elle appelle les autorités ivoiriennes à "prendre des mesures concrètes pour protéger la liberté de la presse dans le pays", dénonçant des "appels ciblant des journalistes après la publication d'articles", ainsi que des "échanges qui se transforment parfois en intimidations", notamment de la part de membres de gouvernement.
"On ne se sent pas concernés", balaie le ministre de la Communication ivoirien, Amadou Coulibaly. "Le président protège les journalistes, qui exercent librement leur profession", assure-t-il à l'AFP, ajoutant qu'"aucun journaliste n'a été inquiété dans l'exercice de ses fonctions depuis que Alassane Ouattara est au pouvoir".
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsharienne de RSF, évoque "l'arrestation d'un professionnel de l'information réfugié politique".
Mi-juillet, Hugues Colman Sossoukpé, un journaliste béninois critique du pouvoir a été interpellé à Abidjan et extradé à Cotonou, après avoir été invité en Côte d'Ivoire par le ministère de la Transition numérique.
Le ministre de la Communication ivoirien, Amadou Coulibaly, assure qu'"aucune action illégale" n'avait été entreprise par les autorités.
"Nous avons simplement exécuté un mandat d'arrêt au nom de la coopération judiciaire avec le Bénin", a poursuivi M. Coulibaly, précisant que le ministre de la Transition numérique ignorait l'existence d'un mandat d'arrêt contre Hugues Colman Sossoukpé au moment de son invitation.
"Protéger la presse, c'est garantir le plein fonctionnement d'une démocratie effective", dit Sadibou Marong.
La Côte d'Ivoire a plusieurs fois connu des violences lors de périodes électorales. Fin 2010 et début 2011, l'élection de l'actuel président Alassane Ouattara, contestée par son rival Laurent Gbagbo, avait fait environ 3.000 morts.
H.Papavasiliou--AN-GR