

Norvège: accusé de violences sur son fils, le père de l'athlète Jakob Ingebrigtsen relaxé
La justice norvégienne a relaxé lundi Gjert Ingebrigtsen accusé de violences sur son fils, le champion olympique d'athlétisme Jakob Ingebgrigtsen, mais l'a condamné à 15 jours de prison avec sursis pour un cas de violences sur sa fille Ingrid.
Agé de 59 ans, Gjert Ingebrigtsen devait répondre de violences physiques et psychologiques présumées sur ses deux enfants sur une période couvrant 14 années, de 2008 à 2022, des accusations qu'il rejetait.
A l'issue du procès-fleuve qui s'est tenu du 24 mars au 15 mai devant le tribunal de Sandnes (sud-ouest), les juges l'ont relaxé pour les violences physiques et psychologiques que lui reprochait Jakob --qu'il a entraîné jusqu'en 2022-- mais l'ont reconnu coupable d'un épisode violent envers sa fille, Ingrid, sans retenir les autres accusations.
La jeune femme de 19 ans affirmait, photographie d'une joue rougie à l'appui, que son père l'avait frappée au visage avec une serviette de toilette mouillée lors d'une dispute en janvier 2022. Lui dit avoir visé le doigt qu'elle tendait lors d'une dispute.
Gjert Ingebrigten a été condamné à une peine de 15 jours de prison avec sursis et à verser 10.000 couronnes (873 euros) de réparations financières à sa fille.
"Ils n'ont pas dit qu'ils étaient déçus. Ils ont dit qu'ils ont été surpris", a déclaré Mette Yvonne Larsen en évoquant la réaction de Jakob et Ingrid, tous deux parties civiles, au jugement.
Le parquet avait requis deux ans et demi de prison contre Ingebrigtsen senior tandis que la défense plaidait la relaxe.
"Ce qui a été déterminant pour la conclusion du tribunal, c'est l'absence de preuves démontrant que Gjert Ingebrigtsen aurait instauré une peur constante chez ses enfants", ont déclaré ses avocats dans un communiqué.
"Le tribunal a notamment souligné que plusieurs membres proches de la famille ainsi que des témoins extérieurs n'avaient ni observé ni été témoins de mauvais traitements", ont-ils ajouté.
Les parties disposent de 14 jours pour faire appel.
- "Entreprise de démolition" -
"Mon enfance a été largement marquée par la peur", avait témoigné Jakob, champion olympique du 5.000 mètres l'an dernier à Paris et du 1.500 mètres à Tokyo en 2021, lors du procès en chargeant son père, qu'il dit avoir arrêté d'appeler "papa" à l'âge de 11-12 ans et qu'il désigne désormais comme "l'accusé".
"Je sentais que je n'avais pas de libre choix et que je n'avais pas mon mot à dire. J'étais dans un environnement où tout était contrôlé et décidé à ma place. Énormément de manipulation", avait affirmé l'athlète de 24 ans.
Se disant incapable de citer un seul bon souvenir de son enfance, il avait évoqué plusieurs épisodes de violences physiques -- gifles, coup de pied dans le ventre --, dont certains quand il avait sept ans.
Gjert Ingebrigtsen avait rejeté toutes les accusations le visant et dénoncé "une entreprise de démolition".
A la barre, il s'était dépeint comme un père "excessivement protecteur" qui a donné une éducation "traditionnelle et patriarcale" à ses sept enfants, soucieux de contribuer à leur succès et ne recevant que de l'ingratitude en retour.
Jakob Ingebrigtsen et deux de ses frères également athlètes, Henrik et Filip, avaient jeté un pavé dans la mare en octobre 2023, en mettant publiquement en cause leur père dans une tribune de presse.
La police avait ouvert une enquête élargie à toute la fratrie, mais seuls les faits concernant Jakob et Ingrid ont été retenus, les autres ayant été classés faute de preuves ou pour cause de prescription.
Jakob, également double champion du monde en salle sur 1.500 m et 3.000 m cet hiver, Henrik et Filip ont rompu en 2022 avec leur père-entraîneur.
En conflit récurrent avec celui-ci, Ingrid Ingebrigtsen a, elle, renoncé à l'athlétisme et quitté la maison familiale à l'âge de 15 ans.
A.Papadopoulos--AN-GR