

L'Europe se réarme à coups d'obus de l'Allemand Rheinmetall
Les alliés de l'Otan avaient mercredi les yeux tournés vers la bourgade d'Unterlüss, au nord de l'Allemagne, où une gigantesque usine de munitions construite par l'Allemand Rheinmetall a été inaugurée, symbole des efforts européens pour renforcer son industrie de défense.
Cet ouvrage reflète le tournant vers le réarmement engagé par l'Allemagne après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, qui a mis fin à des années de sous-investissement, longtemps compensé par le bouclier de défense américain.
"C'est très important d'être ici, car l'industrie de la défense en Allemagne, en Europe et en Amérique du Nord compte plus que jamais" au moment où "la Russie et la Chine développent rapidement et massivement leurs armées et leurs capacités, avec très peu de transparence", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, invité à la cérémonie officielle.
"Nous devons donc redémarrer certaines de nos lignes de production à l'arrêt, mettre au point des procédés de fabrication plus rapides et acquérir les composants nécessaires afin que, lorsque les commandes arriveront, elles puissent être livrées plus vite", a-t-il ajouté.
- "Signal très important" pour l'Ukraine -
L'usine d'Unterlüss, située près d'Hanovre, en est la parfaite illustration.
Construite en quinze mois, elle doit fabriquer dès cette année dans des halles largement robotisées jusqu'à 25.000 obus de 155 mm, d'une portée allant jusqu'à 40 kilomètres.
La production devrait atteindre rapidement 350.000 unités par an d'ici 2027, sur un site de la taille de cinq terrains de football.
En pleine capacité, il s'agira de la plus grande usine de munitions d'Europe, selon Rheinmetall.
Le complexe est surtout "un signal très important pour les gens en Ukraine", a déclaré le vice-chancelier et ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, de retour d'un déplacement à Kiev.
Les chaînes vont tourner en priorité pour honorer la commande record de l'armée allemande (Bundeswehr) en munitions, d'une valeur allant jusque 8,5 milliards d'euros, annoncée en juillet 2024.
Mais une partie de la production doit aussi être redistribuée à l'Ukraine, par l'Allemagne ou d'autres pays achetant à Rheinmetall ses obus.
"L'Allemagne doit être prête à assumer davantage de responsabilités pour la sécurité en Europe", a martelé de son côté le ministre allemand de la défense, le social-démocrate Boris Pistorius.
L'usine située en pleine lande de Lunebourg, au sein d'un complexe industriel de Rheinmetall, revêt "une importance stratégique" pour l'entreprise mais aussi "pour la République fédérale d'Allemagne et pour l'Europe", avait souligné d'emblée dans son discours le patron du groupe de Düsseldorf, Armin Papperger.
- Partenariat avec Lockheed Martin -
Rheinmetall, coté à l'indice Dax des principales valeurs de la Bourse de Francfort, est le plus gros fabriquant européen de munitions pour chars et pièces d'artillerie, devant le norvégien Nammo ou le Français Nexter.
Le groupe a investi plus de 500 millions d'euros pour construire ce nouveau site, créant 500 emplois.
Des moteurs de fusées seront également fabriqués sur place à partir de l'an prochain, en partenariat avec l'Américain Lockheed Martin, avec lequel il coopère déjà, a appris l'AFP.
Le complexe d'Unterlüss produit déjà des obus de 120 mm destinés aux chars Leopard 2, utilisés sur le front ukrainien.
Face à la pénurie de personnel qui frappe son armée, le gouvernement allemand a adopté merci un projet de loi pour accélérer le recrutement.
Le texte vise à attirer des volontaires dans la Bundeswehr, tout en prévoyant un service militaire obligatoire partiel si les effectifs sont insuffisants.
En ajoutant les investissements en matériels, qui font partout défaut, Berlin prévoit une montée en puissance continue de son effort de défense pour atteindre 3,5% du PIB en 2029, soit plus du triple de son niveau d'avant-guerre en Ukraine.
"Nous sommes un partenaire fiable" pour l'Otan, a assuré M. Klingbeil.
D.Petrou--AN-GR