

Dans la tourmente, l'administration Trump cherche à publier des documents de l'affaire Epstein
La ministre de la Justice de Donald Trump doit demander vendredi la levée du secret judiciaire pour des documents concernant le financier et délinquant sexuel Jeffrey Epstein, une affaire qui embarrasse depuis plusieurs jours le président américain.
La veille, le Wall Street Journal a publié un article explosif attribuant au milliardaire new-yorkais devenu président des Etats-Unis l'écriture, au début des années 2000, d'une lettre salace à l'attention de Jeffrey Epstein pour ses 50 ans.
Donald Trump, furieux, a annoncé jeudi soir son intention de porter plainte contre le quotidien et son propriétaire, le magnat des médias Rupert Murdoch.
Sous la pression d'une partie de son camp, il a aussi demandé à sa ministre de la Justice de faire rendre publics tous les témoignages "pertinents" de la procédure judiciaire concernant Jeffrey Epstein, mort en 2019 avant son procès.
Pam Bondi a confirmé être "prête" à demander dès vendredi à un tribunal la levée du secret judiciaire sur des témoignages effectués dans cette affaire devant un grand jury. Dans la justice américaine, ce collectif de citoyens choisis au hasard intervient au cours de l'enquête et passe en revue preuves et témoignages pour décider d'une éventuelle mise en accusation.
La décision de la publication des témoignages se fera "sous réserve de l'accord du tribunal", a précisé jeudi soir Donald Trump.
Mais ces documents "ne concerneront que Epstein et (Ghislaine) Maxwell", sa compagne déjà condamnée, et pas d'autres noms, a estimé sur X Daniel Goldman, un élu démocrate et ancien procureur fédéral.
Le président américain se débat depuis plus d'une semaine d'accusations portées par certains de ses propres partisans qui accusent son gouvernement de vouloir mettre trop rapidement le couvercle sur cette affaire.
- "Stupides" -
Jeffrey Epstein a été arrêté et inculpé en juillet 2019 d'exploitation sexuelle de mineures et d'association de malfaiteurs en vue d'exploiter sexuellement des mineures.
La mort de cet ami des stars et des puissants, retrouvé pendu dans sa cellule à New York un mois plus tard et avant d'être jugé, a alimenté nombre de théories non vérifiées selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations impliquant des personnalités de premier plan.
Il avait déjà été condamné à une courte peine de prison en 2008, plaidant coupable de recours aux services de prostituées, dont une mineure.
Des figures proches du mouvement "Make America Great Again" de Donald Trump militent depuis des années pour la publication d'une supposée liste secrète de clients de Jeffrey Epstein.
Mais il y a une dizaine de jours, le ministère de la Justice et la police fédérale, le FBI, ont établi dans un rapport commun qu'il n'existait pas de preuve de l'existence d'une telle liste ou d'un chantage envers certaines personnalités.
Des annonces qui ont entraîné un déferlement de messages furieux venant de comptes "MAGA" sur les réseaux sociaux.
Donald Trump s'en est ouvertement agacé et a qualifié cette frange de ses partisans de "stupides" et leur a demandé de passer à autre chose, tout en accusant l'opposition démocrate d'avoir "orchestré" son implication.
- Croquis -
L'article publié jeudi soir par le Wall Street Journal ne risque pas d'enterrer l'affaire.
Le quotidien affirme que, pour un livre d'or destiné à Jeffrey Epstein en 2003 à l'occasion de son 50e anniversaire, sa compagne Ghislaine Maxwell avait sollicité plusieurs dizaines de ses proches, dont Donald Trump, alors magnat de l'immobilier.
La lettre au nom de Donald Trump comporte plusieurs lignes de texte dactylographié entourées d'un croquis de femme nue avec sa signature "Donald" comme poils pubiens, selon le journal. "Joyeux anniversaire - et que chaque jour soit un autre merveilleux secret", affirme avoir lu le Wall Street Journal, qui ne reproduit pas la lettre.
Donald Trump a rapidement qualifié l'article de "faux, malveillant et diffamatoire" et assuré qu'il allait "rapidement" poursuivre en justice le journal, son groupe News Corp et le patron de ce dernier, Rupert Murdoch, un conservateur qui possède aussi Fox News.
"J'ai hâte que Rupert Murdoch témoigne à propos de ma plainte contre lui et ce +tas d'ordure+ de journal", a-t-il écrit vendredi matin sur Truth Social.
S.Karpathios--AN-GR