Budget: Lecornu consulte une dernière fois, avant un conseil des ministres et une loi spéciale
Le Premier ministre Sébastien Lecornu poursuit lundi ses consultations des formations politiques, avant un conseil des ministres en fin de journée pour présenter en urgence une loi spéciale destinée à sortir de l'impasse budgétaire, après l'échec de l'examen parlementaire du budget de l'État.
Dernier recours pour permettre de financer temporairement l'État et les administrations, un vote devrait intervenir d'ici mardi, à l'Assemblée et au Sénat, pour entériner cette loi spéciale qui vise à reconduire provisoirement le budget 2025, avant la reprise de nouvelles discussions budgétaires en janvier.
Objectif annoncé par la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin dimanche soir: qu'une véritable loi de finance 2026 soit adoptée avant "la fin janvier", y compris avec "quelques hausses d'impôts", une des demandes notamment du Parti socialiste.
Après l'échec vendredi d'une commission de sénateurs et députés à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour l'année à venir, le Premier ministre était à la tâche dès dimanche, entamant une nouvelle série de consultations des partis politiques "pour trouver les conditions d'une solution".
Il a notamment discuté avec les chefs des groupes parlementaires Renaissance et Horizons, Gabriel Attal et Paul Christophe, reçus en présentiel, et les présidents des groupes Modem et Liot, Marc Fesneau et Christophe Naegelen consultés par téléphone.
Les responsables du Parti socialiste, partenaires privilégiés de M. Lecornu lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale, et à qui il a concédé notamment la suspension de la réforme des retraites, seront eux reçus lundi matin à 10H30.
Le Premier ministre doit aussi s'entretenir avec Les Républicains, le Parti communiste (15H00) et les Ecologistes (16H00).
"Nous rencontrons tout le monde et nous leur disons deux choses simples. +Est-ce qu'on est bien d'accord que notre objectif collectif, c'est qu'entre maintenant et fin janvier, il y ait un budget pour la France, un vrai budget, pas un budget service minimum+", a détaillé Amélie de Montchalin dimanche soir sur BFMTV.
"Et la deuxième chose qu'on dit à tout le monde, c'est que pour qu'il y ait un budget, il faut qu'il y ait un compromis", a-t-elle ajouté, appelant chacun à "faire un pas".
- "Service minimum" -
A l'issue de ces discussions, un conseil des ministres destiné à présenter le projet de loi spéciale est prévu en fin de journée, au retour du président Emmanuel Macron d'Abou Dhabi, où le chef de l'État a annoncé devant des militaires français le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions destiné à remplacer le Charles De Gaulle.
Dans la foulée, les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat auditionneront lundi soir et mardi le ministre de l'Économie Roland Lescure et Mme Montchalin, sur ce projet de loi. L'objectif est que ce texte puisse être voté mardi par les deux chambres.
Mais il faudra dès la rentrée reprendre les discussions pour tenter de trouver un budget 2026.
Car la loi spéciale "c'est un service minimum. Un service minimum, c'est quand il y a grève. Moi, je ne veux pas qu'on fasse grève du compromis", a martelé Mme Montchalin.
Reste qu'après deux mois de discussions qui n'ont pas permis d'aboutir, le doute subsiste sur la capacité du Premier ministre à obtenir ce compromis, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclame plus de recettes et moins de coupes budgétaires.
Des voix s'élèvent de plus en plus fort pour réclamer que le Premier ministre utilise l'article 49.3 de la Constitution, alors que M. Lecornu s'est engagé à ne pas y recourir, à la demande du Parti socialiste.
Samedi le patron de LR Bruno Retailleau a ainsi enjoint au Premier ministre de "cesser de tout céder aux socialistes" et de dégainer le 49.3 pour octroyer un budget "responsable au pays", avec "moins d'impôt et de dépenses".
Mais pour Amélie de Montchalin, il y aura dans le futur budget "des hausses d'impôts qu'il faudra cibler, choisir, décider ensemble. Et puis il y aura des économies qu'il faudra cibler, choisir et décider ensemble".
V.Tsitsipas--AN-GR