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Jensen Huang, le patron en cuir que l'IA a fait roi
Jensen Huang, le patron en cuir que l'IA a fait roi / Photo: Jade GAO - AFP

Jensen Huang, le patron en cuir que l'IA a fait roi

Inconnu du grand public il y a trois ans, Jensen Huang est devenu, à la tête du géant des semi-conducteurs Nvidia, l'un des patrons les plus visibles et puissants au monde avec l'avènement de l'intelligence artificielle (IA) générative.

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Depuis deux ans, les apparitions de ce sexagénaire à l'abondante chevelure poivre et sel sont devenues des événements planétaires, au point de remplir des salles de plus de 10.000 personnes.

Jensen Huang doit cette célébrité nouvelle au succès des puces conçues par Nvidia, appelées cartes graphiques ou GPU (Graphics Processing Unit), considérées comme indispensables au développement de l'IA générative.

L'appétit insatiable du secteur pour ces GPU, vendues plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce, a catapulté l'entreprise californienne au-delà des 4.000 milliards de valorisation boursière, une première mondiale.

Cette ascension météorique a porté sa fortune personnelle à 150 milliards de dollars (6e), grâce aux 3,5% environ qu'il détient encore au capital.

Signe de son influence, il vient de convaincre Donald Trump de lever les restrictions sur certains de ses GPU à l'export vers la Chine, qui livre pourtant une bataille sans merci aux Etats-Unis pour la suprématie mondiale dans l'IA.

"C'était brillant", observe Jeffrey Sonnenfeld, professeur de gouvernance à l'université de Yale. "Il a été capable d'expliquer (à Donald Trump) que c'était dans l'intérêt des Etats-Unis sans avoir l'air de contribuer à renforcer l'appareil militaire chinois."

Né à Taipei en 1963, Jensen Huang incarne une success story à l'américaine, envoyé à 9 ans seulement, avec son frère, en internat dans un village du Kentucky (centre-est), recommandé par son oncle.

Plus jeune élève de l'établissement, ne parlant pas anglais, Jensen Huang a été harcelé, et contraint par l'institution à nettoyer les toilettes, un passage de deux ans qui l'a transformé.

"On travaillait vraiment beaucoup et les autres enfants étaient très durs", a-t-il raconté dans un entretien à la radio publique NPR. Mais "le bilan, c'est que j'ai adoré le temps que j'ai passé là-bas".

- "Etre au top" -

De retour auprès de ses parents désormais établis dans l'Oregon (nord-ouest), il sort diplômé de l'université à 20 ans seulement et rejoint AMD, puis LSI Logic, entreprises spécialisées dans les semi-conducteurs, pour concevoir des puces, la grande passion de sa vie.

Mais il veut aller plus loin et fonde, en 1993, Nvidia, pour "résoudre des problèmes inaccessibles aux ordinateurs normaux", avec des semi-conducteurs assez puissants pour gérer la 3D, a-t-il expliqué dans le podcast "No Priors".

Nvidia crée le premier GPU en 1999 et va accompagner le raz-de-marée des centres de données (data centers), de l'informatique à distance (cloud), puis de l'IA générative.

"C'est la personne la plus motivée que j'ai vue de ma vie", raconte un ancien employé de Nvidia sous couvert d'anonymat. "Vous voulez lui faire plaisir et vous avez honte si vous n'avez pas fait de votre mieux."

Charismatique, toujours vêtu d'un tee-shirt noir et d'un blouson de cuir, Jensen Huang n'entre dans aucune case des grands patrons de la tech.

Son tatouage du logo de Nvidia, son goût pour les voitures de sport ou certaines de ses prises de position publiques l'éloignent des discrets comme Sundar Pichai (Google) ou Satya Nadella (Microsoft).

Mais son positivisme forcené, une relative modestie et l'absence de tout alignement politique le tiennent à l'écart des Elon Musk ou Mark Zuckerberg. Contrairement à eux, il était absent de la cérémonie d'investiture de Donald Trump.

"Il se met en retrait pour que les stars soient la technologie et la stratégie plutôt que lui", observe Jeffrey Sonnenfeld, pour qui "c'est peut-être, aujourd'hui, la grande figure la plus respectée du milieu de la tech".

A chacune de ses visites à Taïwan, Jensen Huang est accueilli telle une célébrité, des dizaines de fans se pressant pour décrocher un autographe

"Il est amical, ce qui est inhabituel" pour un dirigeant de ce calibre, relève Wayne Lin, du cabinet Witology Markettrend Research Institute.

"Il n'est pas étonnant que Huang puisse devenir le parrain de l'IA, car il tient ses promesses. Peu importe qui il a en face de lui et quel est le travail de cette personne, il peut être sincère et accessible", a réagi Chen Shih-chang un internaute, sur Facebook.

L'ancien employé décrit quant à lui un individu "très paradoxal", férocement protecteur de ses salariés et toujours à l'écoute, mais aussi capable, au sein du cercle des cadres dirigeants de Nvidia, de "tailler quelqu'un en pièces" en cas d'erreur ou de mauvais choix.

"Il faut être au top et y rester, tout le temps", décrit-il. "Je ne sais pas comment il est parvenu à faire ça toute sa vie."

Y.Kostopoulos--AN-GR