

Droits de douane américains: un impact différent d'un pays européen à l'autre
Le président américain Donald Trump a annoncé samedi des droits de douane de 30% identiques pour tous les pays de l'Union européenne (UE) mais ceux-ci, plus ou moins exportateurs, ne seraient pas pénalisés de la même façon si la mesure entre bien en vigueur le 1er août.
L'Irlande, poids lourd européen de l'industrie pharmaceutique dopée par son cadre fiscal avantageux, est en première ligne avec l'Allemagne, qui vend aux Etats-Unis automobiles, produits sidérurgiques et machines-outils "Made in Germany".
La France est moins exposée, mais les champions de l'aéronautique, de l'agroalimentaire, des vins et spiritueux, et du luxe ont toutes les raisons de s'inquiéter de cette nouvelle menace du locataire de la Maison Blanche.
L'UE dans son ensemble dégage un excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis de 235,6 milliards de dollars (201,5 milliards d'euros), selon le Bureau d'analyse économique (BEA), qui dépend du département américain du Commerce et qui a publié ses statistiques annuelles début février. Seule la Chine affiche un montant supérieur.
- L'Irlande, le laboratoire européen -
L'Irlande enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec 86,7 milliards de dollars. Cela s'explique notamment par l'implantation dans ce pays des grands groupes américains, notamment pharmaceutiques.
Des laboratoires américains comme Pfizer, Eli Lilly ou Johnson & Johnson par exemple se sont installés en Irlande pour y bénéficier d'un impôt à 15% sur les grandes sociétés, contre 21% aux Etats-Unis.
Ces sociétés peuvent ainsi héberger leurs brevets en Irlande et vendre sur le marché américain, où les prix des médicaments sont traditionnellement plus élevés que dans le reste du monde.
Le pays accueille par ailleurs sur son sol la plupart des sièges européens des géants américains de la "tech", comme Apple, Google ou Meta, également attirés par la fiscalité irlandaise attractive.
- L'Allemagne, le champion industriel -
Première économie de l'UE, l'Allemagne est particulièrement sous pression en raison de sa dépendance aux exportations: elle affiche un excédent de 84,8 milliards de dollars avec les Etats-Unis.
Le chancelier allemand Friedrich Merz avait spécifiquement mentionné le 23 juin l'automobile, la chimie, la pharmacie, la construction mécanique et l'acier, comme secteurs clés qui devraient être prioritaires pour la Commission européenne, chargée des négociations commerciales au nom des 27 pays membres.
La Fédération allemande de l'industrie (BDI) a ainsi réagi promptement samedi aux annonces de Donald Trump, appelant l'UE et les Etats-Unis à "trouver rapidement des solutions et éviter une escalade".
- L'Italie et la France, en deuxième rideau -
L'Italie et la France, avec respectivement 44 milliards de dollars et 16,4 milliards de dollars d'excédent selon les Américains (mais pour la France un déficit de quelques milliards, selon les statistiques des douanes), seraient a priori moins touchés.
Toutefois, l'impact varie d'un secteur d'activité à l'autre au sein de chacune de ces deux économies.
L'agroalimentaire et les produits viticoles seraient particulièrement affectés dans les deux pays, avec des débouchés commerciaux importants, tout comme l'automobile.
"Imposer des droits de douane de 30% sur les produits agroalimentaires européens – et donc italiens – porterait un coup dur à l'économie réelle, aux entreprises agricoles", a réagi la principale organisation représentant le secteur agricole en Italie, Coldiretti.
Parmi les secteurs français les plus exposés, figurent également l'aéronautique - qui représente un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis -, le luxe (parfums, maroquinerie, etc.), les vins et le cognac.
Ce taux d'imposition sur les exportations européennes aux Etats-Unis serait une "catastrophe" pour le secteur français des vins et spiritueux, a réagi samedi Jérôme Despey, patron de la branche viticulture du syndicat FNSEA.
L'Autriche et la Suède sont aussi en excédent avec les Etats-Unis, respectivement 13,1 milliards et 9,8 milliards de dollars.
F.Tsakiris--AN-GR