

Plan de Netanyahu pour Gaza: Israël débat des enjeux, l'extrême-droite critique
Israël débat dimanche des implications de la conquête de la ville de Gaza, décidée par Benjamin Netanyahu, un plan contesté à la fois par l'extrême-droite au sein du gouvernement et les familles des otages, avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation dans le territoire palestinien.
Après 22 mois de guerre, M. Netanyahu est confronté à une très forte pression, en Israël sur le sort des 49 otages encore aux mains du Hamas, et à l'étranger pour faire taire les armes dans la bande de Gaza dévastée, où plus de deux millions de Palestiniens sont menacés d'une "famine généralisée" selon l'ONU.
Selon le plan validé par le cabinet de sécurité israélien vendredi, au terme de presque une nuit de discussions, l'armée "se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza", en grande partie détruite dans le nord du territoire, "tout en distribuant une aide humanitaire" hors des zones de combat.
L'annonce a suscité l'effroi des familles d'otages enlevés lors de l'attaque sanglante du Hamas en Israël du 7 octobre 2023, qui y voient une condamnation à mort de leurs proches. Le Hamas a prévenu que la nouvelle offensive aboutirait à leur "sacrifice".
Samedi soir, des dizaines de milliers de personnes sont de nouveau descendues dans les rues de Tel Aviv, pour exiger un accord assurant le retour de tous les otages - dont 27 déclarés morts par l'armée - en échange de la fin des hostilités dans le territoire palestinien.
- "Je veux tout Gaza"-
Dans le même temps, l'extrême-droite, partie-prenante de la coalition gouvernementale a clamé son désaccord.
"Le Premier ministre et le cabinet se sont rendus aux faibles", a fustigé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich.
"Ils ont décidé encore une fois de répéter la même approche, se lançant dans une opération militaire qui ne vise pas une résolution décisive mais simplement à faire pression sur le Hamas pour parvenir à un accord partiel sur les otages", a-t-il accusé.
"Il est possible de parvenir à la victoire. Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population, NDLR) et la colonisation", a renchéri le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, autre figure d'extrême-droite au sein de la coalition.
Le chef de l'opposition, Yair Lapid martèle lui que le plan Netanyahu est une "catastrophe". "Ils vont mobiliser à la dernière minute 430.000 réservistes (...) Ils démantèlent le pays de l'intérieur", a-t-il répété dimanche dans les médias.
"Le cabinet a décidé du sort des otages: les vivants seront assassinés et les morts disparaîtront à jamais", a accusé de son côté Einav Zangauker, mère de l'un d'entre eux, et figure de la mobilisation des familles.
"Si les otages sont assassinés, nous vous poursuivrons. Sur les places, lors des campagnes électorales, à tout moment et en tout lieu" pour rappeler que "vous avez décidé de les tuer", a lancé lors de la manifestation à l'adresse du Premier ministre Shahar Mor Zahiro, neveu d'un otage assassiné.
- "Pas avant octobre" -
Les médias tentent de tirer au clair les implications d'une offensive dans la ville de Gaza, l'une des zones les plus densément peuplées du territoire palestinien, toujours bastion militaire du Hamas selon eux.
Sur la radio de l'armée, le spécialiste des affaires militaires Doron Kadosh estime que "l'entrée des forces dans le centre-ville" aura lieu en octobre, après la nécessaire évacuation des habitants. "Il faudra encore deux à trois mois pour achever la prise de contrôle de la ville", avance-t-il.
"Le plan pourrait ne pas commencer avant octobre", fait écho Yedioth Ahronoth, pour qui Benjamin Netanyahu s'est "laissé plusieurs points de sortie (...) si un accord sur les otages est conclu".
D'ici là, "la balle est dans le camp des médiateurs", dont une nouvelle tentative de règlement a tourné à l'échec en juillet, souligne le journal Ma’ariv.
A la suite de l'annonce du plan, qui a suscité la réprobation à l'international, à l'exception notable des Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra dimanche à 10H00 (14H00 GMT) une réunion d'urgence sur Gaza, selon plusieurs sources diplomatiques.
L'attaque du 7-Octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza, a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
L'opération israéliennes à Gaza y déjà fait 61.369, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
M.Dimitriou--AN-GR